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Fleur Trash.
8 mai 2010

A letter to Colleen – Réalisé par Andy London et Carolyn London

http://www.youtube.comwww.youtube.com/watch?v=x569pDoTQsY

Chère Colleen,

On devait se voir aujourd’hui, mais je t’ai jamais rappelée.

Ca fait six ans. Je sais, c’était nul de ma part de pas t’appeler, vu que c’est toi qui galères avec un môme en essayant de finir tes études. Mais tu dois savoir, j’ai fait exprès. J’ai beau ne penser qu’à toi, chaque fois que je te vois, tu fous ma vie en l’air. Moi aussi, j’ai quitté Glen Cove.

J’ai emménagé à New York pour être avec des gens comme moi, qui fument et boivent du café jusqu’à la diarrhée chronique. La ville est vivante, exaltante. Je vois des meurtres tout le temps.

J’enjambe des SDF en sifflant mon tube préféré. On bâtit un bâtiment, prés de mon bâtiment.

La destruction de l’ancien dégage des nuages d’amiante. J’inspire fort, j’expire fièrement les émanations.

Colleen, notre monde se délite. Les historiens osent le terme «  moderne ». J’ai une histoire pour vous messieurs les historiens. Un ado a pris du « Crystal meth ». Il n’a plus de visage. Il se l’est arraché avec un bout de miroir, et l’a fait manger à son chien.

Colleen, ça signifie quelque chose pour toi ? Qui voudrait vivre dans un monde plein de pré-adultes qui se haïssent au point que, quand ils voient leur visage, ils l’arrachent ?

Avant, les ados se pelotaient au drive-in, partageaient la paille du milk-shake.

Aujourd’hui, les lyciennes se gavent de Benadryl et appellent leur mec depuis l’hôpital pour le culpabiliser. J’ai écrit une histoire sur toi. Elle est drôle, triste, elle coule bien. Si elle est aussi bonne que je crois, tu voudras m’envoyer les flics.

Colleen riait tant qu’elle me crachait au visage. Pour enlever le jus noir de ma figure, j’ai sorti la langue. Elle a voulu me la couper. Je te hais, Colleen. Je t’aime.

Je te conduirai plus aux Alcooliques Anonymes. J’ai même pas le permis. C’était chez sa copine Stacy. Pour mes dix-huit ans, elle allait me baiser que ça me plaise ou non. Ca me plaisait pas. Elle me plaisait pas. Ca me plaisait pas d’avoir 25 spectateurs plus les deux gamines en pyjama qui buvaient de la bière. Plus les parents en bas devant la télé avec leur chocolat. Je la désirais.

J’avais besoin d’elle. Et le psy voulait que je mise sur un autre cheval.    

Colleen avait perdu d’avance. Elle m’a mené à une chambre qui sentait le fumier. Sa copine Stacy était trop ravagée pour penser à aller aux toilettes. Sa merde s’amoncelait sous ses fringues sales.

Les parents ne disaient rien. En fait, ils devaient jamais entrer. Elle a sorti une tondeuse. Qu’es ce que tu fais ? Ses cheveux tombent par paquets. Ils se tortillaient par terre. J’ai entendu hurler ses follicules. Elle était chauve. J’avais très envie de lécher ses cheveux, de sucer son crâne d’ivoire à l’en faire briller. Dommage qu’elle soit crade.

Où menait cette soirée à part en désintox ? Où était le bon temps de centre commercial, des hamburgers avalés avant de renter en bus ? Maintenant, c’est baise picole et rock’n’roll. Et si on aime pas le rock’n’roll ? Si on préfère la pop molle ? Voilà, j’avoue, j’aime ‘ La mélodie du bonheur ‘.

C’est l’album que je préfère au monde.

Soudain, elle a ri à nouveau. Un rire forcé, mais j’ai ri aussi. Elle m’a frappé au ventre, je suis tombé.

Elle a grimpe sur moi et m’a mordu dans le cou. J’ai senti une drôle d’odeur. Ca dégoulinait de ses lèvres  le long de mes joues, jusqu’au menton. Gerbe ou alcool ?

Elle a déchiré ma chemise. C’était de la marque. Grand-mère allait râler. Je l’ai frappée à la tête.

Curieusement, ça l’a mise de meilleure humeur.

Colleen, tu me fais quoi ? On dirait Barbie. Je me suis entrainé que sur Ken. Qu’es-ce que tu fais ? Pourquoi tu me la lèches ? C’est pas une sucette. C’est acide comme un cornichon. Et sensible.

Colleen, attends ! T’en va pas, c’est agréable. Ah, d’accord. Tu vas vomir. Ses taches de rousseur étincelaient à la lueur des briquets. On se serait cru à un concert. Les durs à cheveux longs se sont mis à m’encourager. Les gamines aussi. Baise-la ! Bourre-lui le cul ! Et après, passe-la-moi passe-la-moi.

Les deux gamines ont rien dû comprendre. Elles qui nous croyaient frère et sœur. ..
La lumière s’est rallumée. Les ados brandissaient des notes. Pas mal, pour ma première fois. J’ai mal au crâne. Je voudrais être à la maison, regarder la télé en caleçon Superman.

Les applaudissements cessent. Les gamines finissent de m’essuyer. Colleen commence à se débattre.

Elle pousse un cri primal. Des bras, des jambes, elle se débat, et se débat, dans le vide contre quelqu’un qui n’est pas là.

Après six ans, je n’arrive toujours pas à terminer l’histoire. Elle ne continuera que si un jour, j’arrête de vomir.

Dis-moi, Colleen, contre qui te débattais-tu, ce soir-là ? Pas moi, je le sais. Contre Dieu ?

Tu sais bien qu’il ne fera rien du tout. Sa spécialité, c’est juste de rendre les gens dingues.

Avec tout mon amour, Andy.

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